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Disques et livres recommandés

Pierre Christophe Quartet « live » « Tribute to Erroll Garner »

Comment ce diable de Pierre Christophe parvient-il à rentrer dans l’esprit musical d’Erroll Garner en se gardant d’en faire une copie pure et simple ?

Je l’ignore, mais il y parvient.

 

La musicalité, l’inventivité de Pierre Christophe sont en permanence sur la brèche quelque soit la durée de la pièce enregistrée ; jamais l’intérêt ne faiblit. « Misty » qui s’ étend sur neuf minutes, en est la démonstration éclatante : pas une seconde de relâchement ou de diminution de l’intérêt, passionnant de bout en bout.
On admirait chez Erroll Garner cette qualité de savoir maintenir un intérêt constant et même croissant. Pierre Christophe réalise le même miracle.

 

Je vais vous dire ceci : faute de temps j’avais prévu d’écouter les douze plages en deux fois pour faire cette chronique. Mais je n’ai pas pu. Captivé par cette musique , j’e n’ai pu m’en détacher  que le CD écouté de bout en bout tellement c’est vivant, inventif et joliment enregistré. La seule chose qui m’ait paru distinguer significativement les deux pianistes est le toucher plus européen, plus classique chez Pierre Christophe et des dons de créativité plus….comment dire ?  plus européens eux aussi.

Mais en fait, c’est peut-être ce toucher plus que le phrasé ou le développement mélodique qui laissent cette impression. Les trois musiciens qui l’accompagnent méritent aussi leur part de louange : Stan Laferriere, efficace et souple, pas envahissant (danger redoutable et fréquent en petite formation ), Rapaël Dever dont la partie adéquate et pleine de swing, fournit en outre un des plus beaux sons si ce n’est le plus beau son des générations actuelles. Quant aux congas qui ont plutôt tendance à me faire tordre le nez à cause de ce côté latino qui convient si peu au jazz, Laurent Bataille parvient à me convaincre de son adéquation avec la partie de piano grâce à une intégration parfaite et un son ferme de l’instrument  loin des bruits habituels de lavabo qui se vide. Surtout est appréciable sa mise en place  rythmique favorable au swing et absolument épargnée par ce maniérisme exotique habituellement si redoutable. Louis Armstrong, Ella Fitzgerald et d’autres ont su comme Garner tirer le meilleur parti et un swing intense de ces rythmes étrangers au jazz. Jelly Roll Morton ne faisait-il pas quelque chose d’équivalant avec sa « Spanish tinge » ?

 

Ne me demandez pas ma plage préférée, tout est épatant jusqu’à l’intrigant « Tea For Tow » interprété de façon pour le moins inhabituelle, mais avec quel swing !  Erroll Garner en avait donné une version, en partie sur harpsichord ( rappelant de loin le clavecin), pleine d’humour et d’esprit et sur des rythmes utilisés sur le célèbre « Mambo » parmi d’autres incursions en territoire Caraïbe.

 

Ce concert a été enregistré à Vaux-sur-Mer, jouxtant Royan, au cours d’une soirée « JAZZ in VAUX » par Carl Schlosser et masterisé par François Biensan. Connaissant leurs compétences, rien d’étonnant que le résultat soit superbe. Les morceaux extraits du concert pour ce CD sont un choix intelligent car on y trouve majoritairement des thèmes peu utilisés à côté de quelques « incontournables ».

 

J’ajouterai enfin que l’illustration de la couverture de pochette représentant Erroll assis devant son piano sur un tabouret réhaussé d’une pile de documents est due au crayon incomparable de Michel « BOSS »Quéraud dont on débat encore pour savoir s’il est d’abord un grand dessinateur, un grand trompette ou un grand clarinettiste. Et par dessus tout un homme charmant qui a su rappeler ce que l’on voyait en effet sur scène lors des concerts et ainsi évoquer la petite taille d’Erroll avec humour et gentillesse.  

 

Même si vous possédez des piles de disques d’Erroll Garner, précipitez-vous sans hésitation pour vous procurer ce « trio Pierre Christophe ».

 

Les possesseurs de la carte du HOT-CLUB DE FRANCE peuvent se le procurer jusqu’au 15 Mai au prix promotionnel de 13€ port compris (j’ignore le prix public ; 20€ ? ) en vous adressant à :

 

CAMILLE PRODUCTIONS, 13 rue d’ISSY 92100 BOULOGNE

 

ERROLL’s THEME/ PASSIN THROGH - WHEN YOUR LOVER HAS GONE - DREAMY- 

7-11 JUMP - THE LOVIN’TOUCH - THAT’S MY KICK - TEA FOR TWO – MISTY - ON THE STREET WHERE YOU LIVE - DANCING TAMBOURINE - ERROLL’STHEME-ENCORE

 

Pierre Christophe piano, Raphaël Dever basse, Stan Laferrière drums, Laurent Bataille congas

SEBASTIEN TROENDLÉ, SON PIANO SON SPECTACLE « RAG’N BOOGIE »
... et son CD

CD Sébastien  TroendléSébastien Troendlé  que nous ne connaissions guère que par son CD paru chez Frémeaux & Associés (Réf FA8507) nous a réservé une surprise de taille en se révélant être l’un de nos tout premiers spécialistes du Boogie et du Rag-Time et  posséder un remarquable sens didactique à travers une mise en scène écartant  toute lourdeur pédagogique, ce qui n’est pas du tout courant.

 

Que ce soit un formidable pianiste Boogie éclate dès les  premières interprétations avec une souplesse ronde de la main gauche, des basses qui roulent onctueusement, sans brutalité et une main droite qui débite l’histoire mélodique sans une ombre de fébrilité et beaucoup d’inventivité ; ce n’est pas évident dans ce domaine du piano jazz souvent qualifié de quelque peu répétitif, et souvent à juste titre.

 

Son sens de conteur didactique est semblablement évident avec cette toute petite démonstration sur le piano de ce qu’est la syncope, 100 fois plus claire qu’un long discours.

Placée en tout début de spectacle, cette démonstration rend la suite totalement intelligible à un public pas forcément averti. Car c’est là aussi que Sébastien sait se faire entendre de tous et pas seulement des « vieux de la vieille » : Fort peu de noms dont ce large public n’a, au moins  dans un premier temps, rien à faire et qui le rebute. Pas de pédantisme.

L’objectif  est d’abord de séduire, convaincre, enthousiasmer, susciter les hand-clappings. Et puisque ça a plu, on cherchera à en savoir plus : « Oh c’est chouette, comment y s’appelle le type qui joue, là ? Pete Johnson ? Ah bon, je connais pas. Et le morceau, c’est quoi ? Death Ray Boogie ? Ah bon faut que je retienne ça. » Quand même, je vous rassure, on a  entendu les noms de James P. Johnson, Jelly Roll Morton, Scott Joplin, Pinetop Smith et quelques autres. Mais  sans saturer le public. Et le tout avec une gentillesse et un humour où par instant il y avait même un jeu avec les mots à la Devos.

 

Sébastien Troendlé
photo : Sabine Trensz

Beaucoup de présentateurs feraient bien de s’en inspirer. A commencer par l’auteur de ces quelque lignes, me dit-on parfois ( mais au Hot-Club  on ne s’adresse pas  à des novices).

Un autre atout remarquable de Sébastien est l’absolue maîtrise du synchronisme entre les images qu’il fait projeter sur l’écran et son jeu de piano. Si certaines séquences sont bien connues des amateurs comme celle du Cake-Walk , Albert Ammons et Pete Johnson ou les Harlem Cangaroo Dancers d’Helzapoppin’, d’autres étaient pour moi inédites et Sébastien y intervient avec brio et une étonnante synchronisation.  Et vous en verrez bien d’autres en tapant simplement son nom sur Google. (NB)

Une toute petite suggestion ? Que Sébastien pousse un peu plus loin sa démonstration de la syncope : Celle, inerte ou du moins neutre, du Rag-time d’origine, comme une balance en parfaite immobilité entre ses deux plateaux, et celle, mobile, qui apparaît avec les Eubie Blake, Jelly Roll ou James P Johnson, comme celle d’une balance en train de chercher son équilibre entre deux poids égaux jetés sur les plateaux. C’est une image du « Swing », pas une définition que personne n’a jamais vraiment su donner mais qui est assez (pas trop quand même) facile à percevoir à l’écoute. Et c’est important puisque c’est ce Swing qui a donné leur unité à toutes les formes de jazz authentiques. Ce jazz authentique qui n’est plus qu’une goutte d’eau dans l’océan de ce qui en porte le nom sans en être.

Trêve de digressions ! Nous avons vu sortir de ce spectacle un public conquis, enthousiasmé et ressorti plus instruit et clairvoyant sur cette musique et le peuple qui lui a donné naissance.

Quant aux amateurs plus chevronnés ils ont passé la soirée telle qu’ils la rêvent avant tout concert : musique de qualité, ambiance chaleureuse et conviviale, courant réciproque  serré entre la scène et la salle.

    Outre le CD signalé, Frémaux doit en sortir un  nouveau tout prochainement et Sébastien prépare une 3ème méthode de Boogie et un livre illustré destiné aux enfants sur le même sujet bien sûr : ce sera  l’histoire de deux petits garçons, Rag et Boogie, dont l’existence croise celle de Pinetop Smith et de Jelly Roll Morton et où il sera question de la naissance de cette musique, d’esclavage et de racisme. On en reparlera lors de sa sortie.

 

NB : A ce propos je vous recommande tout particulièrement l’émission dans laquelle Sébastien « se raconte » avec un naturel rare dans le genre. Trente et quelques minutes qui valent la peine. Cliquez sur >> Culturebox << pour accéder directement à cette séquence après les inévitables pubs: 83 secondes de patience !

Une belle séquence aussi avec la caméra au-dessus du clavier et des mains.  

Sur " YOU CAN’T LOSE A BROKEN HEART " de et par JAMES P. JOHNSON

Tous les amateurs un tant soit peu aguerris connaissent la version de cette composition de James P Johnson par Louis Armstrong et Billie Holiday se partageant les « lyrics ». Et tous s’étonnent qu’il n’en existe pas d’interprétation par James P. Johnson lui-même.

Eh bien si, il en existe une interprétation dans un LP qui avait même été chroniquée dans le Bulletin du HCF  N° 344 de janvier 1987 mais n’avait guère retenu l’attention. Je la recommande à tous car le charme nostalgique de cette merveilleuse composition est rendu par James P. Johnson de façon incomparable. On se demande comment et pourquoi elle ne figure pratiquement jamais au répertoire des jazzmen.

Si j’insiste un peu sur cette interprétation, c’est pour attirer l’attention des amateurs sur cet immense James P. Johnson qui tient moins de place dans leur cœur que Fats ou Le Lion. Bien sûr, tout le monde reconnaît sa place de père du Stride et de mentor de Fats et personne ne songerait à lui contester sa place sur le podium olympique ; mais avec seulement, et à tort, la médaille de bronze. Sa profonde sensibilité, l’émotion qui se dégage de son jeu et de nombre de ses compositions échappent à beaucoup, comme si le puissant pianiste stride, celui du « Carolina Shout » ou du « Over The Bars », avait passé un coup d’éponge sur celui plein d’émotion du « You can’t lose ». Ecoutez soigneusement (et beaucoup) vos James P. Johnson et vous conviendrez aisément que des trois Grands, c’est sans doute le plus constamment émouvant. Bien sûr, Fats pouvait faire preuve de ces mêmes qualités comme en témoignent notamment ses interprétations à l’orgue, et la délicatesse du Lion est connue de tous, mais James P. possède une sobriété qui s’accorde au plus haut point à l’atmosphère de ce type  de compositions ; on n’y trouve nulle trace d’excès dans l’expression des sentiments; pas trace de joliesse, non plus. C’est juste bien et vrai. Et en plus, il nous offre de lui une autre  image pianistique, comme dans nombre d’autres interprétations, qui complète celle bien connue de pianiste stride.

 

Souvent  le poids de la personnalité, l'aura, la  légende d'un artiste ajoutent au lustre de son talent, vont même parfois jusqu'à surfaire une gloire peu ou non fondée. Surtout  s'il s'y mêle quelque  conduite ou mésaventure scandaleuses dont le grand public et nombre de médias sont friands. Il n'y a rien de tout cela autour de James P. Johnson.

S'il n'a ni la jovialité conquérante de Fats ni la personnalité tranchante du Lion, rien non plus, dans ce que l'on connait de lui, n'est empreint de pratiques à donner en pâture aux amateurs de biographies croustillantes. Peut-être faut-il voir là la raison du respect qu'on lui porte sans ce supplément d'admiration auquel pourtant il a droit autant que ses deux éminents collègues pianistes.

Vous  trouverez ce « You can’t lose » dans un LP Pumpkin Productions 117 aisé à se procurer pour une somme modeste sur internet. James P. Johnson occupe intégralement la 2ème face soit en solo soit avec le batteur Danny Alvin pour les 2 dernières plages enregistrées lors d’un concert au Hamilton College de NY. Les autres ont été enregistrées chez James P. Johnson sur tape-recorder par Floyd Levin (précisions utiles dans le texte de pochette).

La 1° face nous fait entendre sa voix dans deux interviews, et il apparaît dans trois formations différentes où l’on rencontre parmi d’autres, Harry Carney qui fait l’intérêt principal de « Lady be good », Hot Lips Page à la tête d’une autre formation sur « The joint is jumpin’ » et enfin une formation totalement "wallérienne" de 1945, Herman Autrey, Gene Cedric, Al Casey, Cedric Wallace, Arthur Trappier plus Tommy Dorsey et où James P. Johnson tient bien sûr le piano deux ans après la disparition de Fats.

La qualité d’enregistrement est certes modeste, et même carrément médiocre par moment, mais n’enlève rien au plaisir d’écouter le grand James. P. Johnson.

NB : Dans les lyrics de ce morceau on lit «  ..don’t be erratic, be diplomatic…. » ce qui ne semble pas vouloir dire grand’chose. Ne serait-ce pas plutôt « iratic » formé à partir de « ire » comme irascible en français, ire (colère, courroux) étant commun aux deux langues française et anglaise ?  Il s’agirait alors peut-être d’un adjectif néo-formé pour les besoins de la cause car je ne l’ai trouvé ni dans le Harrap’s ni sur internet. Je pose la question aux trapus en langue de Shakespeare.

 

Pierre Christophe

 

FRANÇ0IS RILHAC « IT’S ONLY A PAPER MOON »

On trouve dans le Bulletin du Hot-Club de France d’août-septembre récemment paru, une chronique, d'ailleurs joliment tournée,  de ce disque qui vient de sortir après une trentaine d’années de sommeil dans les archives de la marque.

 

Il s’agit d’une quinzaine d’inédits de François Rilhac enregistrés sur le vif à « la Table d’Harmonie », club de jazz aujourd’hui disparu. Sans l’avoir encore entendu, je ne saurais trop vous en recommander l’acquisition, tant est grande l’importance de ce musicien dans notre espace musical, et rare la quantité de documents qu’il a laissés après sa désolante  disparition prématurée.

 

 

Je vous en ferai ici bientôt la chronique, mais vous pouvez déjà la lire dans le Bulletin du Hot Club de France en le commandant ou, plutôt, en vous abonnant à cette revue qui en est à son 653ème numéro !

 

(CD Black and Blue BB 812.2)

 

 Abonnements 10 numéros 61€ : auprès de :

        Henri Delhaye 10 rue des Tournelles 92290 Chatenay-Malabry

        Actuellement, vous est également proposé un abonnement de 6 mois, 5 numéros, pour 20€

 

Pierre Christophe

 

« HERE COMES THE BAND » CD TRIO Guillaume NOUAUX

Si « Here comes the band » est une des belles compositions du pianiste Willie Smith dit « le Lion », c’est également le titre de ce CD, et une de ses meilleures plages.

 

Guillaume Nouaux, ce magnifique batteur que nous avons eu à de nombreuses reprises dans nos concerts, s’est entouré de deux excellents musiciens de ce profond Sud-Ouest si généreux en jazzmen de talent, Jérome Gatius clarinettiste et Didier Datcharry pianiste, et  dont Guillaume  est lui-même enfant. Le but est de remonter à des sources, thèmes et manières de jouer qui ont participé à la gestation du Jazz.

On ne s’étonnera pas d’y trouver des Rags, du piano « Stride », des thèmes Nouvelle-Orléans et aussi des signatures : Scott Joplin, Jelly roll Morton, Willie Smith, Darnell Howard, Bix Beiderbecke nous ramenant plus ou moins  un siècle en arrière. Et pour établir un lien avec une actualité plus récente une composition de Bill Evans, « Five », qui d’ailleurs semble avoir été empruntée au « Bird of Dehli » de la « Far East Suite » Duke Ellington.

 

L’intérêt majeur à mes oreilles de ce CD est surtout de donner l’occasion d’entendre cet excellent clarinettiste Jérome Gatius, qui se sort à son avantage de la disparité des dix thèmes proposés avec une belle sonorité, tendre et douce, mais jamais mièvre, très personnelle par rapport aux sonorités plus fermes et tendues des « anciens ». Son phrasé par contre, n’est pas sans rappeler la clarinette du vigoureux Cecil Scott, notamment dans les plages « Willie Smith & His Cub Men », mais ailleurs on sent aussi la trace de Darnell Howard, Russell Procope ( « Buddy Bolden Blues » ou « Bush Street Scramble » ) ,voire fugitivement Sidney Bechet. Ecoutez successivement ce « Bush Street Scramble » et celui que Darnell Howard enregistra avec Don Ewell et Minor Hall il y a quelques 60 ans et vous comprendrez en quelle estime il faut tenir Jérome Gatius.  C’est donc un phrasé tout empreint de la fluidité Néo-Orléanaise et de son élégante fermeté. Certes, il ne manifeste pas le « drive » de ses brillants ainés, ni leur énergie bousculant cette fameuse fluidité, mais je ne pense pas que ce soit ce qu’il cherche et il a raison de faire son choix d’une musicalité jamais en défaut et d’un discours limpide et chantant.

Didier Datcharry, dans un rôle moins mis en valeur, l’accompagne fort bien et prend quelques belles parties en solo, en particulier bien sûr sur le thème-titre de ce CD « Here comes the Band ».

 

Quant à Guillaume Nouaux il se montre égal à lui-même et l’on aurait aimé que sa partie soit un tout petit peu plus présente. Son solo de batterie « Zutty’s Memories » est si épatant que je vous recommande d’écouter dans la foulée, les solos de Zutty Singleton lui-même dans les enregistrements de « l’Aventure du Jazz ». (Si vous ne les avez pas, ce qui est concevable pour des néo-arrivant au jazz,  venez les écouter au HCMO !); vous pourrez constater  à quel point la filiation est assurée ! Et dans son rôle d’accompagnateur, c’est le soutien parfait, adéquat, intelligent, mais encore une fois un peu lointain. On entend aussi Guillaume Nouaux au vibraphone dans « In a mist » et « Bethena » et ces interventions conviennent à merveille à l’atmosphère ce ces deux plages.

L’amateur inconditionnel fera peut-être quelques réserves sur le climat impressionniste du « In a Mist » de Bix, ou sur le thème farouchement peu Jazz de « Five » (Mais après l’exposé, la clarinette orthodoxe de Jérome Gatius, le piano et la batterie remettent les pendules à l’heure), ou encore sur le choix de « Bethena », mélange de valse et de rag  ; cette jolie composition de Scott Joplin date de 1905, mais il ne faut pas oublier le but que s’est fixé Guillaume Nouaux. Cela dit on pourra préférer, et c’est mon cas, les sept autres plages tout à fait réjouissantes.

 

Infos et contacts : www.guillaumenouaux.com

 

Pierre Christophe

THREE BLIND MICE

Ce CD a été enregistré en trio : Malo Mazurié, trompette et cornet, Sébastien Girardot contrebasse, tous deux bien connus maintenant et Felix Hunot, guitare, une heureuse découverte au moins pour moi.

 

Treize titres sont puisés dans un répertoire des années 20-30, exprimés dans un style plus actuel mais qui reste clairement issu des manières pratiquées à l’époque.

 

Malo Mazurié se réclame de Bix Beiderbecke mais son jeu est plus emporté et évoquerait parfois  le côté fantasque de Rex Stewart, le côté mobile de Ruby Braff, ou celui, si vivant mais plus brouillon, de Jabbo Smith. Sa sonorité, même au cornet qu’il utilise dans quelques plages, n’a cependant rien de commun avec celle de Rex ou Ruby adeptes, comme Bix, de cet instrument. Moins encore, à la trompette, avec celle, mate et majestueuse de Cootie Williams. C’est d’autant plus un étonnement de voir le trio s’attaquer à 2 thèmes ellingtoniens ( « Rockin’ in Rhythm » et « Echoes of Harlem ») qui sont des références de ce trompette. Cela dit, dans ces 2 plages, Malo met judicieusement sa sonorité claire et haut perchée, au service d’un discours mobile et inventif, sans servilité à l’égard du discours sobre et plein d’autorité du grand Cootie. Inutile de dire que ces 2 morceaux se voient renouvelés, habilement, de fond en comble.

Malo joue du cornet et non de la trompette sur « Changes » et « I’m comin’ Virginia » (confirmation par Sébastien lui-même).

Quand on a dit « mobilité et invention » on a assez bien résumé les remarquables qualités de ce jeune trompette qui s’est déjà construit une solide réputation, le rendant un incontournable des meilleures formations actuelles. Sa musique est en permanence extrêmement plaisante, il ne semble  jamais à court de commentaires à développer autour de la mélodie. Parfois, une soudaine incursion dans le grave rappelle encore Ruby Braff (« When tour lover »).La manière dont il dirige ce trio rappelle aussi  certaines de ces formations réduites que  Ruby Braff a affectionnées.

 

La bonne surprise, c’est Félix Hunot, qui swingue avec un naturel et un bonheur évident et possède un bien joli son évoquant tour à tour John Saint-Cyr ou Bud Scott et ailleurs Al Casey ( dans « I’m coming Virginia »). Pas vraiment les premiers venus ! J’aime beaucoup ses solos où se suivent, ou parfois se mêlent, des passages en « single notes » et des passages en accords accrocheurs et swingants comme dans « Weary Blues ». Il aime  l’attaque brève et sèche des accords et quand il les laisse ensuite sonner, il en tire un grand swing réjouissant. C’est aussi un accompagnateur de classe et son poids se fait immédiatement sentir quand il rentre dans ce rôle après ses solos.

 

Sébastien Girardot se montre aussi excellent, attentif  dans le même rôle d’accompagnateur, et soliste inspiré dans quelques plages, « Black Bottom Stomp » où il slape joyeusement, «  When Your Lover has gone », bien sûr plus recueilli, ou plus encore « I may be wrong » plage très réussie par tous et particulièrement par Sébastien.

 

Ceux qui pourraient être réticents quant à l’acquisition d’un CD en simple trio, auraient bien tort car il y a une grande variété de plaisir d’écoute d’une plage à l’autre.

 

Comme la quasi totalité de la production actuelle, on se procure ce CD auto-produit chaudement recommandé,en se rendant sur les sites des musiciens http://sebastiengirardot.com/ ou http://www.malomazurie.com/

 

Pierre Christophe

PAOLO ALDERIGHI & STEPHANIE TRICK CD « ALWAYS »

Paolo Alderighi et Stéphanie Frick, c’est ce jeune couple qui vient de faire les (3) beaux jours de ce superbe petit festival « Un Piano dans la Pinède » à Grand-Village-Plage, dans l’île d’0léron, récidivant ainsi leur prestation de 2014 à un niveau encore supérieur. Unis devant Dieu et les hommes, ils le sont tout autant devant un seul piano à 4 mains, donc, dont ils jouent et se jouent de façon déconcertante.

Ils ont déjà une belle discographie derrière eux mais c’est de leur plus récents CD intitulés « Always » et « Double trio, live »que je veux vous entretenir.

 

Dans ce CD, donc, Paolo Alderighi et Stéphanie Frick ne nous proposent pas une plongée dans la nostalgie du blues, les tréfonds de l’âme ou les problématiques du jour, mais 14 plages d’une cure de jouvence tonique et de bonheur de jouer et de donner à entendre. Le choix des titres fait  appel à des thèmes de jazz largement passé dans le grand public, voire à cette rengaine anti-jazz (Volare) dont ils tirent un résultat étonnamment convaincant ;

L’ album ALWAYS s’ouvre par… "Always", qui lui a donc donné son titre, et débute  sur un rythme à 3 temps et une atmosphère de berceuse agréablement arrangée pour exposer le thème, avant qu’un bref appel annonce qu’on ne va pas tarder à retrouver le bon vieux 4 temps swinguant qui survient au 2ème chorus quand la rythmique habilement fouettée par les balais, se joint au piano. Puis, c’est une succession de passages arrangés et de solos pleins d’invention, le tout enchaîné avec un esprit de continuité sans faille.

 

C ‘est à peu près le même le même schéma que l’on va retrouver dans les 14 titres du CD. Certaines plages sont particulièrement attrayantes, et je raffole de leur « Whispering » autre titre devenu grand public. Mais toutes les plages sont excellentes. L’esprit global rejoindrait presque la philosophie du sextet de John Kirby : difficulté soigneusement dissimulée sous une robe d’ humour et de joie de jouer pour soi et pour le public. Il fait dire aussi un mot de la rythmique, excellente, souple et efficace.

 

L’autre album, « Double Trio, Live », quoique ne bénéficiant pas tout à fait d’une même qualité de prise de son, est tout aussi intéressant et profite de la spontanéité du direct. Paolo nous explique que Double Trio signifie que la même rythmique assistant les deux pianistes , nous pouvons considérer qu’il y a deux trios. La programmation de ce CD est plus strictement attachée à des grands standards du jazz.

Préférer l’un à l’autre de ces deux albums est une affaire de goût et le mieux serait de se procurer les deux .

On est sous le charme et l’on se laisse séduire sans songer à la moindre réticence devant tant de gaieté, de fraicheur, de joie de vivre et par l’aisance avec la quelle le couple se joue des difficultés. Le discours est sans arrêt riche et chantant ; chantant des histoires drôles, fraiches et piquantes, se gardant bien de nous révéler combien la face cachée est complexe et difficile : ça, ils le gardent pour eux, pour leurs 20 doigts, pour les 88 touches qui deviennent 176, pour leurs hémisphères droits et gauches amplement mis à contribution.

 

A nous le plaisir, et quel plaisir ! A eux la tâche. 

 

Bref, un CD que vous mettrez souvent dans votre lecteur.

 

Pierre Christophe

PHILIPPE SOUPLET CD « KALEIDOSTRIDE »

Ceux qui avaient déjà apprécié les qualités de Philippe Souplet, soit en direct soit avec son premier CD, seront ébahis du niveau qu’il atteint aujourd’hui.

 

Sur le plan purement musical, son langage est mûr et va à l’essentiel. A travers sa propre personnalité, il s’attache à restituer l’essence musicale intime des musiciens qu’il évoque et pas seulement le superficiel auquel un simple imitateur aboutirait.

D’ailleurs, si différents que soient les pianistes évoqués avec pertinence dans ce CD : Duke Ellington, Hank Jones, Oscar Peterson, le Lion, Fats, Aaron Bridgers, il flotte une sensation d’homogénéité, un lien entre toutes ces évocations qui est tout simplement le reflet de sa propre personnalité. C’est toute la différence entre la simple copie et la recherche d’un portrait véridique.

Les belles compositions de Philippe Souplet sont par ailleurs là pour nous convaincre que c’est de sa créativité musicale que vient ce double sentiment de véracité dans chaque portrait et d’homogénéité de l’ensemble.

 

Sur le plan technique, maintenant, une qualité fort appréciable est qu’il nous fait grâce de démonstration de virtuosité, pourtant Dieu sait qu’il le pourrait, mais il ne joue pas pour la galerie ; seule l’ intéresse le sens profond de sa musique et de celles qu’il évoque. Les amateurs de virtuosité le regretteront ; les amateurs de musique y trouveront leur compte.

 

Quatorze plages nous sont proposées. Quatre d’entre elles sont dues à Billy Strayhorn (Lotus Blossom), Duke Ellington (Cotton Tail), James P. Johnson ( You can’t loose a broken heart) et , mirabile dictu, à notre très regretté François Rilhac (F Minor Stride). Les 10 autres sont des compositions de Philippe pleines de sève et de personnalité.

Ajoutons que le livret rédigé par Philippe lui-même est un modèle de concision et de clarté.

 

On se procure aisément ce CD auprès de Philippe Souplet : psouplet@wanadoo.fr

 

Pierre Christophe

Dominique MAGLOIRE - Michel PASTRE TRAVELIN' LIGHT

Titre du disque « Travelin’ light with Billie »

Production : Gospel sur la colline

 

Dominique Magloire est une chanteuse de formation classique qui s’est frottée à la musique afro-américaine déjà à plusieurs reprises au travers le Gospel dans divers groupes mais ce n’est que tout récemment semble-t-il qu’elle a fait son entrée dans le monde du Jazz aux côtés de Michel Pastre ( Quartet et Big Band ) et quelle entrée !

Parlons d’abord de sa voix à la fois gracieuse et puissante, un peu voilée, qui séduit d’emblée.Gracieuse, avez-vous dit ? Je vois quelques sourcils se lever. Que vient faire le gracieux dans le répertoire des grandes Divas noires ? Eh bien oui, gracieuse mais sans jamais de préciosité, avec, rarement, une touche de sophistication fugace et très joliment placée, un côté quasi confidentiel : on a toujours l’impression qu’elle sait rester à l’intérieur de ses capacités vocales.

Parfois aussi une saveur coquine ( « Why was i born » ). Elle possède superbement la maîtrise de son chant : diction parfaite, mise en place, justesse, fluidité, aigus précis et clairs, graves profonds et chauds.

Tout cela semblant tenir autant à des dons naturels qu’à un solide métier. Mais ce qui frappe le plus, c’est peut-être son feeling, la sensibilité avec laquelle les « lyrics » sont détaillés : Elle pense ce qu’elle chante ; les paroles ne sont pas, comme souvent, passées par profits et pertes. Bref, ce n’est pas la première venue.

 

Elle utilise le répertoire chanté jadis par Billie Holiday et lui rend ainsi hommage, mais c’est plus dans l’émotion et le feeling que dans l’expression vocale proprement dite que l’on trouvera une proximité avec sa célèbre ainée.

 

Le Big Band de Michel Pastre est au mieux de sa forme. Jeu des sections ou des solistes, tout est à louer. A commencer par Michel qui s’élève presque constamment au niveau des plus grands. Les magnifiques orchestrations dues à François Biensan sont pour beaucoup dans le rendement de cette belle phalange.

La rythmique est superbe et swingue sans désemparer. Pierre Christophe, Raphael Dever, François Laudet et Enzo Mucci (Ah ! un bon guitariste dans les rythmiques de Big Band !) sont en outre parfaitement enregistrés ( Vincent Cordelette ).

Les faces en quartet, plus nombreuses, sont de même niveau en laissant évidemment plus de place aux solistes essentiellement Michel Pastre et Pierre Christophe .

Sans détailler toutes les plages, notons l’excellence de « Fine & Mellow » parce que la référence au célèbre court métrage avec Billie et une pléiade de solistes s’impose. La présente version relève superbement le gant, comme toutes les autres plages d’ailleurs.

 

Bien sur on peut s’amuser au petit jeu des ressemblances. Mais on ne trouvera de rapprochements à faire que dans la qualité émotionnelle de sa voix ; on pensera alors à une Mae Barnes, à une Lavern Baker, et peut-être surtout à une Adélaïde Hall, mais de manière assez lointaine : c’est d’abord du Dominique Magloire.

 

Ne manquez pas ce beau CD.

 

Pierre Christophe

JAZZ DANS L'OBJECTIF

Editions Du May

Passionnée de jazz, la photographe Noëlle Ribière a publié un splendide album de photos de jazzmen prises lors de concerts ou d'événements divers. Elle sait, au travers de son objectif, nous transmettre toute la personnalité des musiciens qu'elle a photographié.

De Bill Coleman aux nouveaux talents tels que Julie Saury, elle nous dresse avec sensibilité et parfois beaucoup d'humour un tableau du monde du jazz de ces quarante dernières années. Certains clichés d'artistes peu photographiés constituent même des documents exceptionnels. L'ouvrage est préfacé par son ami Claude Bolling.

Jazz dans l'Objectif est ce que l'on appelle un "beau" livre, à offrir ou s'offrir sans hésitation.

Ben Webster & Johnny Hodges

CD Solar 4569895 Harmonia Mundi

Les deux géants du jazz sont réunis pour deux séances d'enregistrement :

- une avec Lou Levy (p), Herb Ellis(g), Wilfred Middlebrooks (b) et Gus Johnson (d), (1960)

- l'autre avec les ellingtoniens Ray Nance (tp), Laurence Brown (tb), complété de Emil Richards (vib), Russ Freeman (p), Joe Mondragon (b), Mel Lewis(d) (1961). (Quatre morceaux en bonus)

On se demande pourquoi ces enregistrements ne furent pas publiés à l'époque, car Johnny Hodges et Ben Webster sont au sommet de leur talent. Les deux musiciens s'entendent à merveille, il règne une ambiance décontractée, propice au bon jazz. Que ce soit sur les blues ou sur les autres thèmes chacun joue avec conviction, émotion et swing. Parmi les accompagnateurs pour la première session, Gus Johnson soutient très efficacement nos deux saxophonistes. On peut regretter la relative pâleur d'Herb Ellis et le jeu parfois "raide" de Wilfred Middlebrooks, mais ces défauts sont vite oubliés tant Ben Webster et Johnny Hodges sont au meilleur d'eux-mêmes.

Ce disque vous est recommandé par le Hot Club Marennes-Oléron

JAZZ A LIMOGES

La Saga du Hot Club et de Swing FM

Editions de L'Harmattan

Si Limoges est unanimement considérée comme la capitale de la porcelaine, elle est aussi, pour de nombreux amateurs et musiciens, celle du jazz.

Et ceci grâce au dynamisme de son HOT CLUB et plus particulièrement celui de son président Jean-Marie Masse.

Artiste peintre, musicien, homme de radio, ce dernier s'est consacré sans compter à la cause du jazz depuis 50 ans et plus, organisant de multiples concerts et animant le HOT CLUB DE LIMOGES.

Claude-Alain Christophe retrace avec talent cette saga qui suscita de nombreuses vocations de musiciens et qui vit l'émergence de toute une génération d'amateurs avertis créant à leur tour des " Hot Club " là où ils étaient. Le livre s'achève sur la création de SWING FM, dont Claude-Alain Christophe est le fondateur. L'ouvrage comporte de nombreux témoignages émouvants sur les musiciens illustres qui vinrent à Limoges.

Une formidable aventure musicale et humaine.

DVD DU 80° ANNIVERSAIRE DU HOT CLUB DE FRANCE

Concert du 7 décembre 2012

 

Le film du concert historique, organisé par le Hot Club de France au Petit Journal Montparnasse à Paris le 7 décembre 2012 à l'occasion de son 80° anniversaire est désormais disponible.

Ce DVD présente l'essentiel et la quasi totalité de cette remarquable soirée.


D'excellente qualité technique tant visuelle que sonore, comporte vingt-quatre interprétations pour une durée totale de 1 h 10.

Vingt artistes-interprètes, constamment à leur meilleur niveau, figurent au générique, dont deux chanteuses et deux tap dancers (par ordre d'apparition) : Pauline Atlan (voc), Louis Mazetier (p), Nicolas Montier (ts), Nicolas Peslier (g), Enzo Mucci (b), Irakli (tp) Nicolle Rochelle (voc), Gilles Berthenet (tp ), François Biensan (tp), Jerôme Etcheberry (tp), Alain Marquet (cl), Michel Pastre(ts), Raphaël Dever (b), François Laudet (d), Jelly Germain (tap dance), Osiris Germain(tap dance), Julien Brunetaud (p, voc), Patrick Bacqueville (tb, voc), Pierre Christophe (p).

Ce DVD est vendu (frais d'envoi compris) au prix unitaire de 20€ pour la France et les pays de la CEE appliquant la même tarification postale qu'en France, de 20,50€ pour les autres pays de la CEE et la Suisse, et de 20,70€ pour les États-Unis.

Pour commander ce DVD, vous adressez votre chèque établi à l'ordre du Hot Club de France en indiquant votre nom, prénom et adresse postale, le nombre d'exemplaires à
M. Jean Labaye,
18 bis Chemin du Bas Gagny,
94450 Limeil-Brévannes
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adresse email: jean.labaye@yahoo.fr

 

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