Le Quartet de Pierre Christophe rendait hommage à Erroll Garner au Château d'Oléron, samedi 24 février 2018, dans la magnifique salle de l'Arsenal (Concert public organisé par le Hot Club Marennes-Oléron).
On connaît bien la qualité de cette formation au Hot Club de France puisque ces musiciens sont régulièrement cités dans le Bulletin du HCF ou sur ce site. Et, bon nombre d'amateurs se sont procuré leur CD Tribute to Erroll Garner, produit par Michel Stochitch un de nos membres éminents.
Aussi, pourquoi revenir sur ce concert du Château d'Oléron ? Tout simplement parce que nous avons eu droit à une soirée réellement exceptionnelle, et qu'en pareil cas, il faut le dire. Pierre Christophe au piano, Raphaël Dever à la basse, Stan Laferrière à la batterie et Laurent Bataille aux congas, tous très « relax », nous ont donné le meilleur du grand Erroll Garner. J'avais déjà entendu cet ensemble à Vaux sur Mer, en 2013, lors d'un très bon concert, mais comme d'autres dans mon cas, j'ai trouvé la soirée du Château d'Oléron supérieure. Il faut dire que ce concert était sans sonorisation, avec une acoustique naturelle qui renforçait la présence des musiciens.
Pierre Christophe ne se contente pas de jouer brillamment, il nous communique sa passion pour Erroll Garner autant avec son piano, qu'avec ses commentaires de fin connaisseur du monde de Garner. Il avait d'ailleurs fait une excellente émission consacrée à Erroll Garner sur France-Musique, toujours disponible en réécoute .
Des esprits un peu chagrins, comme moi d'ailleurs de temps en temps, peuvent regretter la présence de congas, instruments assez peu dans la tradition du jazz. Cependant, ces congas étaient à la mode au cours des années 60, dans les disques d'Erroll Garner et ailleurs. Mais je dois dire qu'il y a une telle entente entre tous ces musiciens que la partie de conga s'intègre très bien, le talent de Laurent Bataille et de ses partenaires faisant le reste.
On ne peut que se réjouir de voir une légende du jazz comme Erroll Garner, trop souvent négligée et délaissée au profit de musiciens à la notoriété artificielle, mise en valeur avec autant de talent et d'enthousiasme par des musiciens de cette génération.
Claude BISSERIEX
La Charente-Maritime et la ville du Château d’Oléron nous ont offert un splendide concert ce jeudi 10 Août dans le cadre de « Sites en Scène » :
Dominique MAGLOIRE accompagnée du Septet de Michel Pastre.
Honneur aux dames, parlons d’abord de Dominique. Elle possède 2 ou 3 qualités qui nous font remonter aux heureux temps où il n’y avait pas d’équivoque quand on avait dit « JAZZ ». A savoir, dans le désordre :
Dans tout cela, je n’ai guère retrouvé de trace de Billie Holiday (pour qui Dominique a une grande admiration), sauf peut-être pour une certaine forme de « feeling ». Je vais me faire incendier si je dis que j’ai plutôt trouvé une fraicheur façon toute jeune ELLA, tant pis, c’est dit. Mais en fait, on serait bien embarassé d’établir une ressemblance avec une quelconque des grandes « anciennes ». Sa personnalité se suffit à elle-même.
Ajoutons son jeu de scène, qui n’est pas fait de chi-chis archi usés mais d’une intense participation au jeu des instrumentistes dont elle suit et accompagne le discours mélodique avec à propos et fougue, une gestuelle « parlante » et dansante.
Le tout bien sûr avec ce swing « sans lequel ça ne veut rien dire » selon l’heureuse formule du DUKE.
Je me rappelle avoir apprécié ce type de qualités chez Angela Brown, ce qui est bien sûr très différent de l’immense talent d’une Catherine Russell, pour citer une chanteuse que tout le monde a vue ou au moins entendue dans un passé tout récent.
Le choix de son répertoire nous plonge dans la thématique la plus classique de « Fine and mellow » à « They can’t take that away from me » et tant d’autres.
Quant à l’orchestre, il a littéralement pété le feu et la symbiose entre lui et la chanteuse était impressionnant. Michel Pastre, au mieux de sa forme comme François Biensan et Patrick Bacqueville nous ont offert des prestations du plus haut niveau tant sur le blues que sur les standards et la rythmique , Pierre Christophe, Enzo Mucci, Pierre Maingourd et François Laudet a « swingué » les souffleurs comme ……… j’allais dire rarement. Non, comme toujours ! Mais ce soir-là, avec une particulière intensité.
Nous avions nous mêmes fait venir cette formation à Saint-Pierre d’Oléron en Octobre dernier, et elle avait impressionné les membres de notre municipalité au point qu’ils conçurent de la faire revenir dès cet été !
J’ai ressorti la chronique d’André Vasset (BHCF 646 Décembre 2015) sur le CD produit sous le nom de Dominique Magloire : Vous feriez bien de la relire vous aussi, d’écouter le CD et de courir aux concerts de cette formation.
Ah, oui ! Une superbe soirée.
Rendre compte de ce concert, c’est reprendre ce que nous avions dit de la prestation de ce même groupe à Vaux sur Mer il y a quelques mois. Le talent de ces 4 musiciens n’a plus besoin d’être vanté ; ce qui est apparu pourtant avec plus d’évidence, c’est combien ce groupe est soudé et donne un son reconnaissable, personnel. Patrick Bacqueville nous a entrainé sur les traces de Vic Dickenson dont il se revendique disciple et dont il a l’aisance mélodique et l’amour des exposés, cet art si difficile de faire chanter une mélodie et d’en tirer toute la sève avant d’en développer les harmonies. Et pour le développement, Patrick ne craint personne et le fait toujours avec justesse et ce qu’il faut de fantaisie, d’humour juste bien dosés. Dickie Wells et Tyree Glenn ont eux aussi eu droit à une plus courte évocation tout aussi réussie.
Patrice Authier a été pour moi une révélation. Il s’est montré soliste de classe et plus encore accompagnateur efficace, complémentaire et adéquat à tout moment, apportant une voix sous-tendant parfaitement le discours de Patrick. Cet apport juste et précis m’a rappelé celui que savait si bien distiller Red Richards, bien que leurs deux styles n’aient guère de points communs par ailleurs.
Ce sont les mêmes qualités que l’on reconnaît chez Pierre Maingourd un de nos 2 ou 3 meilleurs bassistes au son rond et plein et chez Stéphane Roger batteur qui bat pour la formation et pas pour lui sans se soucier de ce qui se passe à côté. Un toucher incisif, soyeux mais aussi puissant quand il faut et pas n’importe quand.
Il faut dire que si l’on a pu jouir à ce point de l’homogénéité de la formation et entendre le moindre frémissement, percevoir chaque instrument avec précision, c’est aussi grâce à l’acoustique de la nouvelle salle de cette Citadelle du Château que l’on peut qualifier de rare. On a hâte d’entendre d’autres formations dans d’aussi bonnes conditions.
A chacune des prestations de ces deux-là, on est assuré que ce sera un déferlement de swing, d’énergie, de musique et un « show » digne d’une revue alors que la seule Nicolle Rochelle est sur scène à côté des musiciens. Ce fut bien sûr le cas ce soir-là.
Même prévenus, nous n’en sommes pas moins secoués jusqu’au fond de nos (confortables) fauteuils de cette salle qui pourtant en a vu d’autres ! Pas un instant de répit !
Que ce soit Julien Brunetaud délivrant un déluge digne des Amos Milburn, Albert Ammons, Jay Mac Shann ou Pete Johnson. Que ce soit Nicolle chantant, dansant, animant la scène en permanence, tout vous fend le visage d’un sourire de bonheur. Et la rythmique ? Ah oui, la rythmique avec un Bruno Rousselet à la basse, Julie Saury à la batterie, Jean Baptiste Gaudray à la guitare, comment voulez-vous lutter contre ça ?
Cerise sur le gâteau ( l’expression est bébéte mais me tend les bras) Didier Desbois a apporté tout au long de la soirée au saxo alto et à la clarinette son swing intense, sa belle sonorité et son adéquation permanente au spectacle.
de gauche à droite : Carl Schlosser, Benoit Ribière, Didier Desbois, Julien Brunetaud,
Nicole Rochelle, Julie Saury,Bruno Rousselet, Jean-Baptiste Gaudray (Ph: Noëlle Ribière)
BENOIT RIBIERE, CARL SCHLOSSER ET FRANCIS GONZALEZ à ce même concert
Et ce spectacle s’ouvrait sur un « hors-programme » inattendu, puisque concocté par les membres du HCMO à l’insu de son président, pour le 25ème anniversaire de l’association.
On peut dire que cette première partie préparait sérieusement le terrain à N&K ! Quel swing, là aussi ! Quel dynamisme ! Avec l'orgue hammond de Benoît Ribière, on était vraiment au fond du fond de ces petits combos noirs tel ceux de Wild Bill Davis, Jack McDuff, Bill Doggett qui ravageaient (au bon sens du terme) les petites boîtes de Harlem ou du Village, dont ils faisaient s’écrouler les murs, avec à leur tête les organistes précités et au saxo-ténor, les Carl Schlosser de l’époque qui avaient nom « Lockjaw »Davis ou Willis Jackson.
Francis Gonzalez est le batteur rêvé pour ce type de formation préoccupé de swinguer avec fermeté, ténacité, sans fioritures inutiles, avec ce côté souple mais implacable des Jo Jones ( son maitre ) ou Sam Woodyard. Bref, une première partie décoiffante bien dans l’esprit de la soirée.